Un rayon de soleil vient chatouiller le nez de Gnarf-Gnarf. L'air est frais, le rideau s'agite sous le vent: une fenètre est entrebaillée. Juste le bruit des oiseaux. Pas un enfant qui braille à l'horizon ou un chien pour réclamer son pipi quotidien. Les yeux fermés, le nain irradie le bonheur. Rien à redire. Il sent une délicate odeur de tartine grillée. Sa narine frémit et son estomac se rappelle à son bon souvenir. Il se lève délicatement. Au pied de son lit, une robe de chambre rose déposée par Raymond, enfin Zaza. La soirée lui revient en mémoire. Les bravos, le sourire du public, cet instant à nul autre pareil. Il flotte, n'en revient pas lui-même.
Il tourne un oeil vers son portable. Deux messages. Sa femme d'abord qui s'inquiète. Gnarf-Gnarf est un solitaire qui n'hésite pas à errer tard le soir (à courir la gueuse, lui balance parfois sa moitié sans ménagement!) mais là, 24 heures de silence, ça fait beaucoup. La voix stridente de celle qui partage sa vie depuis 12 ans (déjà!!) le sort de sa léthargie. Grrrrr..Il prend le téléphone et son courage à deux mains. Pourvu que ce soit la messagerie, pourvu..Le bon dieu (ah, t'es là, toi?) exauce ses voeux. Elle doit passer sous un tunnel, c'est parfait. Une minute de plates excuses,voiture en panne, bourgade perdue, hôtel pourri. Il s'est effondré comme une masse. Le choc d'être loin des êtres aimés?!??? Mais il n'oublie pas. Il revient dès que possible. Il presse le bouton vert, ça suffira bien pour le moment.
Deuxième message:HUuuuuuuummmm. La douce voix de Madame Suner. Ce regard vert pétillant et ce sourire inoubliable. Gnarf-Gnarf se prend à rêver. Mais son interlocutrice n'est pas non plus d'humeur. Une semaine de retard pour la remise de son rapport sur l'optimisation de l'entreprise. Il va falloir qu'il bouge ses fesses, le court sur patte. Et vite fait. C'est dit très poliment mais le nain a compris..Grrrr..Il va falloir que je me fende au moins d'un café et de quelques petits fours pour me faire pardonner!! Ces bonnes femmes!!!! Comme d'habitude, le nabot n'est jamais fautif. Les autres sont juste nés pour l'embèter. sauf Zaza toujours adorable. Un petit déjeuner l'attend dans la cuisine. Jamais une femme n'avait été aussi délicat pour lui. Il se prépare et prend la route en direction du garage en chantonnant. "Sans contrefaçon, je suis un garçon". L'aura de Zaza sur scène, c'est incroyable. Il était beau, hier....!!!Quand il aperçoit le garagiste qui l'observe depuis son atelier, le gnome prend peur. Il ne sait pas ce qui lui arrive depuis deux jours. "Bonjour, bien dormi?". Gnarf-Gnarf se montre poli mais distant. Il ne faut pas que je lui montre que je m'emballe. "Ca y est, la voiture est réparée. Bon, va falloir en prendre soin et bien la réviser. Mais là, ça devrait être reparti pour un an." Raymond n'a plus le rimmel de Zaza. Il tend une main couverte de cambouis vers Gnarf-Gnarf. Qui comprend et sort son portefeuille..6 billets de 50 euros changent de main. Leurs doigts s'effleurent.
"T'avais de la classe, Nain, hier sur scène. Tu devrais essayer. Vraiment. Je pourrais te donner un nom de scène. Lili, ça t'irait bien? " Le nabot rougit. Une vraie pivoine. Un peu plus et il perd pied. Bon, il faut que je file. Beaucoup de travail à rattraper. "Ben, tu sais où je suis. Si l'envie te reprend de venir t'agiter la couenne.!!" La poignée de main est virile. "Tu verras, je t'ai laissé un cadeau. Le grincheux heureux l'entend à peine. Le moteur de sa gimbarde vrombit. Un geste de la main. Il démarre. sans se retourner. Il sait que, sinon, il va se mettre à pleurer! Sur la plage arrière, la robe rose laissée par Zaza. Souvenir de cette soirée loin de tout. Gnarf-Gnarf y jette un oeil puis repart dans la grisaille de sa vie...Le temps ne s'est pas arrêté...
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