Un peu de mystère et beaucoup d'éclat

Il y a des privilèges-petits ou grands-dont on ne se passerait pas. Exemple hier soir: le musée d'Orsay intégralement "privatisé". Un carton d'invitation, précieux sésame, qui a changé de main pour mon plus grand bonheur.

Privatisé d'accord mais pas pour moi toute seule! Ca, c'est dans mes rêves de jeune fille en fleurs...Quand mon Prince charmant m'emmènera sur son grand cheval blanc et comblera tous mes désirs. Et m'offrira tout ce que je lui réclame: "un musée, mon bon"!

Nous étions, sans mentir, un bon millier d'invités d'une grande banque qui fait des acquisitions en Belgique (celui qui trouve la réponse gagne un matelas pour mieux cacher sa fortune en ces temps difficiles. Le monde bouge, non?). L'exposition: le Mystère et l'Eclat. Tout un programme et qui me ressemble tant (!). Tout de suite, je me sens en territoire familier. Une superbe collection de pastels à qui le musée rend hommage. Rend justice pour reprendre les termes du commissaire priseur. Difficile à priori d'imaginer que tant de peintres se sont adonnés aux pastels. Un panel magnifique. Avec évidemment une grande place réservée aux impressionnistes. Monet et son pont de Waterloo, Auguste Renoir et ses portraits,

Degas et ses danseuses (j'ai une tendresse particulière pour ses oeuvres...souvenir d'un tableau au-dessus de mon lit d'enfance. Ces danseuses flottent encore dans ma tête....)Mais aussi des peintres dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ce qui me rassure, c'est que l'une des multiples conférencières en service pour l'occasion a avoué avoir fait aussi des découvertes...quand je vous dis que l'on apprend jusqu'à la fin?!?

Un "effet du matin" saisissant. Deux enfants qui remontent une route colorée. Un pastel signé Wynford Dewhurst (à vos souhaits!)...Un instant de fraîcheur!Les allées regorgent de trésors: naturalisme, symbolisme avec un coup de coeur pour un artiste, là encore "mystère": Lucien Lévy-Dhurmer. Un portrait saisissant de "Mademoiselle Cartier"..une robe blanche qui flotte au vent et des yeux qui pétillent. Depuis le fond de la salle, elle vous invite à la suivre (j'en connais qui auraient répondu présents très vite!). Et ces paysages marins qui nous invitent à plonger sans réfléchir.

Nous nous attardons aussi sur Odilon Redon et sa "coquille". Elle évoque irrésistement "L'origine du monde" de Courbet. Amusante et rosissante, une conférencière un peu sur le retour (diraient des esprits malveillants) nous glisse: "Je ne veux pas avoir l'air de céder à la gaudriole mais c'est flagrant quand même". Mais, oui, Madame, dites le. Cette coquille invite au plaisir...Et pas la peine de prendre un air pénétré pour le savoir!

L'art, c'est aussi la vie. D'ailleurs, je fuis souvent les explications (excusez-moi donc de vous les asséner!). La peinture, la sculpture pour moi, ça se ressent. Pas toujours d'une beauté à tomber mais comme quelqu'un que l'on croise. C'est charmant, simplement. Un moment magique. Un peu de mystère et d'éclat...