Gnarf-Gnarf regarde l'appareil désespérement. Il ne fonctionne plus. Pas possible. Il s'était pourtant appliqué. Fixant sa proie à la fois avec envie et assurance. Certain d'en sortir le plus beau portrait qui soit. Il est en nage. Rester immobile pendant plusieurs heures, ce n'est plus de son âge. Il le sait, ses espoirs étaient immenses. Il n'est pas possible qu'il soit déçu.
Il respire un bon coup. Et reprend tout à zéro. Il va falloir ouvrir la bête. La décortiquer pour en extraire la substantifique moelle. Ca l'ennuie. Les enfants hurlent à l'autre bout de l'appartement. C'est insoutenable. Il va falloir sévir. Demain..il n'a pas la force. Il le tient là, son petit miracle. Alors il continue calmement. Tente de comprendre d'où vient cette panne brutale. Il ne sait plus. Son esprit se brouille. Il revoit la photo ultime. Celle qui va lui ouvrir la voie de la gloire et de l'argent facile. Il suffisait d'y penser avant.
"Mais tu vas marcher maudit appareil!". Un peu plus et il donnerait un grand coup de pied. Mais il prend sur lui. Il sort la batterie, la met sous son nez. Et soudain l'éclair. La bête s'est simplement déchargée. Il l'a trop usée tout au long de la journée. Et le voyant rouge ne lui indique rien. Y'a pas à dire, cette machinerie bridée, c'est n'importe quoi. Il va falloir un peu de temps. Gnarf-Gnarf va reprendre des forces. Il file dans la cuisine, ouvre le grand le frigo.
Un pot de rillettes lui tend les bras. Il le prend goulûment. Et file dans sa chambre. Le dévorer en cachette. Une heure est passée. Il tient son instant de bonheur. Et file copier sa photo sur son ordinateur. Il fixe l'écran avec un plaisir non dissimulé. Sous ses yeux apparait...un papillon. Le plus beau que la terre ait donné. Une espèce rare. Personne n'a réussi à saisir dans son milieu naturel ...le Gallus Parigonicus...Ca va se monnayer cher...
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