Si on avait pu ranger bout à bout, plante des pieds contre crâne le nombre de morts de la 1ère guerre mondiale, ils auraient mesuré..15 508 kilomètres. Calcul absurde, effrayant,en préambule ou presque d'"Europeana, une brève histoire du 20ème siècle". La pièce adaptée du livre de Patrick Ourednik. Un condensé en 150 pages de cent ans de guerres, d'inventions et de transformation des valeurs et de la société.
Sur scène, deux conférenciers nous donnent, pendant une heure, un cours hors du commun. L'un est africain, l'autre vient du Moyen-Orient. Et ils regardent avec beaucoup d'ironie et un peu d'indulgence notre Europe.
Tout part de 1914 et de l'attentat de Sarajevo. Et là, les chiffres, les théories se multiplient à la vitesse de l'éclair. Devant nous, les deux hommes, craie en main sur un hypothétique tableau, semblable à ces lourdes portes de métal qui ferment les devantures des magasins, nous écrivent les clefs de notre histoire. C'est dense, très dense. Les mots se bousculent. On ne saisit pas tout..ce qui donne d'ailleurs l'envie d'acheter le livre en sortant de la salle (d'ailleurs, il y en a à disposition..astucieux, non?!?)
Bref, devant toutes ces vérités, plus ou moins assénées, on se sent un peu assommés. Et en même temps effarés. De la capacité de l'humanité à se détruire. Moment poignant où l'un des conférenciers décrit la manière dont les Allemands faisaient des savons avec la graisse humaine des juifs morts dans les camps.Un soldat allemand avait une juive pour maîtresse, ses camarades se moquent de lui en affirmant qu'il se lave avec la graisse de sa conquète morte depuis...il en devient fou!
Où est le bien, où est le mal? Le 1er génocide est arménien, le régime communiste russe pratique l'épuration, la 1ère campagne de stérilisation nous vient des Etats-Unis. La Finlande et la Suède sont loin d'être des exemples en la matière. Et le racisme, ces Kanaks montrés comme des bestiaux à l'exposition universelle de 1900 à qui on jette des bonbons. Et qui s'évadent pour retrouver leur pays..dans le mauvais bateau..
Il y a beaucoup d'aller-retours, un évenement en appelle un autre. Après les morts, l'invention du soutien-gorge en 1914 qui libère la femme (!) et celle du chewing-gum en 1903. Cela aére un peu nos esprits englués dans autant de haine et autant de bétise.
Il y a beaucoup d'aller-retours, un évenement en appelle un autre. Après les morts, l'invention du soutien-gorge en 1914 qui libère la femme (!) et celle du chewing-gum en 1903. Cela aére un peu nos esprits englués dans autant de haine et autant de bétise.
La mise en scène est vive, rapide, ludique. Des panneaux lumineux attirent notre regard au-dessus des conférenciers. Liverpool-Arsenal 2-0..mais qu'est ce que ça vient faire dans cette galère? On sourit..Et cette poupée Barbie qui descend du ciel pour finir démembrée. Symbole de notre société de consommation. En un siècle, le citoyen est devenu consommateur. A quoi sert donc l'histoire? résument certains en théorie..cela fait réfléchir.
Faites donc un tour au théâtre de la Pépinière. Au bout d'une heure, je suis sortie un peu groggy mais à nouveau consciente du monde qui m'entoure. Une leçon d'histoire nécessaire..Et cette dernière phrase lumineuse: le 4 novembre 2008, Barack Obama est élu 44ème président des Etats-Unis...A suivre...
2 commentaires:
je mettrai ma propre critique (enthousiaste) de cette pièce en ligne lundi je pense.
C'est marrant ce que Tu écris... Je vais revenir tout lire...
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