Grand, si grand dans sa tête mais son coeur était encore en enfance. Si petit coeur. Alors trop de travail, trop d'appart, trop de maison, trop de voiture, trop d'ordinateur. Trop de tout pour le petit-grand-hommeIl avait pris bien soin de son coeur. De l'enrober, de le préserver. Attention, fragile. L'écrin était épais, le coeur du coeur inaccessible. Surtout ne pas toucher! Il est précieux, ce petit reste, cette petite vie qui bat au rythme du petit garçon qu'il a été.
Le petit-grand homme est rieur, sympathique, blagueur mais il a une faille. Son petit moi bien au chaud dans sa petite coquille à l'abri du regard des hommes.Parfois le petit-grand-homme gronde. A la moindre remontrance, c'est le drame, la catastrophe. Comme quand maman le privait de bonbons ou de bisous...Les bisous, les câlins, il aime ça, le petit-grand-homme.Ca consolait quand Papa n'était pas là. Ca console parce que Papa n'est plus là.
C'est doux, c'est chaud. Jouir de l'instant présent. Mais son coeur reste toujours dans son cocon. Le donner, c'est donner son enfance. Et Peter Pan n'en a pas envie. Ca fait mal. Et puis, il a peur. La peur, ou on la dompte, ou on la fuit. Alors le petit-grand-homme fuit. Fuit les autres pour ne pas se dire qu'il se fuit lui-même.Perpétuel insatisfait, perpétuellement en mouvement, perpétuellement à la recherche de l'Autre.Mais l'Autre, c'est lui. Devrait se dire le petit-grand-homme qui court après son enfance. Commence peut-être à se dire le petit-grand-homme. Alors, avec un effort, son coeur bien au chaud s'ouvrira.
Il n'aura plus peur, de l'Autre, de lui. Il aura apprivoisé son coeur. Il pourra recommencer à grandir. Grandir pour mieux vieillir et mieux mourir.
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