Fumer pour certains est très naturel. Aucun effort et un vrai plaisir. Critiquer "Fume et tue "d'Antoine Laurain a été la même chose pour moi. Un vrai bonheur, des volutes de fumée de commentaires pas très élogieux qui viennent naturellement. Récemment je vous disais encore à quel point j'avais envie d'assassiner "Fume et Tue" prix de Quoideneuf 2009 (vous ne savez pas de quoi il en retourne, moi non plus:..un truc de blogonautes..ou de blogophiles..) Plus on encense un livre et plus des personnes qui me connaissent pas me disent que je vais l'adorer, plus ça me titille de trouver la faille. Je l'ai trouvée. Sans forcer.
Je suis restée sur le quai de la gare où le héros a perpétré l'un de ses meurtres. Tout simplement. Cet homme qui décide d'arrêter de fumer, fait appel à un hypnotiseur et ressent le besoin de trucider son semblable pour retrouver le plaisir de la clope m'a laissée de marbre. Comme une Malboro. Je ne fume pas, je n'en ai pas senti le besoin, cela explique peut-être pourquoi je ne suis pas devenue accro à ce roman dont je n'entends et ne lit que des louanges. Certes l'écriture d'Antoine Laurain est ciselée, une aisance à la Gainsbourg dont il a de faux airs et un petit côté pince sans rire de bon aloi. Je concède un titre alléchant. Et un jeu de mots simple et efficace. Mais voilà le coeur n'y est pas. Le mien n'a pas battu au rythme de la déchéance de cet homme et de sa plongée vers le mal. Je me suis prise à tourner les pages. A en éviter. Sûre que l'effet qu'elles me produiraient ne seraient pas suffisants pour me dire :"j'aime". Ce héros enfumé gagne en cynisme, trouver des solutions astucieuses et intelligentes pour tuer ses victimes et retrouver en même temps le plaisir de la cigarette. Ce moment jouissif que je n'ai pas vécu en lisant le livre. Comme si, pour moi, tout passer à travers un filtre.
Beau mais aseptisé. Un produit presque trop parfait. Une littérature de salon. Et ma concentration part en fumée. J'aurais aimé moins de rigueur et plus de partage. Cela ne m'étonne pas qu'il ait été chaudement recommandé par ceux qui-il y a peu encore-faisaient partie de certains de mes contacts ou liens noués par le net. Il leur ressemble. Froid, implacable, intransigeant. Je ne retiendrai qu'une phrase sur le père de ce héros amoureux de la nicotine "Lorsqu'on est malheureux, on ne peut faire le bonheur de personne. On n'est plus que le locataire de son existence...Rêves masochistes, empreints de douce songerie et de violentes jalousies."
Il y a la vie et il y a la mort. Et franchement je préfère être intoxiquée par la première. Et par la littérature qui déchire, emporte, entraîne comme les plaisirs..de la vie...Trop fumeux pour moi..
vendredi 14 mai 2010
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